Qu'est ce que le porno éthique?

Tout commence au moment de choisir avec qui travailler, c’est pourquoi mon processus est très long et minutieux. - Je ne travail que avec des gens qui sont déjà du milieu, je ne veux aider personne à se convertir. - D’abord, je vérifie si leur image éthique semble s’aligner avec la mienne. - Ensuite, je prends le temps d’échanger (cela peut durer des semaines ou des mois, car certains projets mettent du temps à voir le jour). - Pendant cet échange, j’explique ma manière de travailler, ainsi que les conditions du projet potentiel que j’ai pour eux. Je suis transparent et je ne veux aucune surprise pour eux. - Si ces conditions leur conviennent, je prends alors le temps de les comprendre : qui ils sont, comment ils aiment être représentés, quels sont leurs goûts et traits de personnalité. Et bien sûr, ce qu’ils apprécient dans la sexualité performative, ce qu’ils aimeraient faire, quelles sont leurs limites, ce avec quoi ils ont des difficultés. - À partir de cela, j’ajuste le projet à leur personnalité afin de créer quelque chose dans lequel ils peuvent se reconnaître, en tout ou en partie. C’est la seule façon d’espérer capter une vraie authenticité. - Lorsque je travaille avec plus d’un interprète, j’applique le même processus pour chacun. Ensuite, je vérifie avec chacun d’eux si le profil des autres pourrait leur convenir. - Si tout le monde est d’accord, j’organise alors une rencontre (par messages, et idéalement en personne) pour qu’ils apprennent à se connaître et s’assurer que le feeling est bon et réciproque, qu’ils sont à l’aise ensemble et qu’il existe une attirance. - En parallèle, je demande des mises à jour sur ce sur quoi ils s’accordent (et ce avec quoi ils ne sont pas d’accord). Je vérifie également individuellement qu’ils se sentent vraiment bien. Tu peux voir que ce processus est TRÈS LONG.

Avant le jour du tournage, nous nous assurons tous que des tests exhaustifs d’IST (infections sexuellement transmissibles) soient effectués et partagés avec toutes les personnes impliquées. Ma façon de travailler est la même que dans la vie : le consentement n’est pas négociable. Le consentement possède une immense gamme de subtilités. Il est au cœur de mon approche. Toutes les personnes participantes sont rappelées que le projet inclut toujours une part d’improvisation, ce qui leur permet d’être à l’aise pour me signaler s’il y a un problème de dernière minute ou un changement dans ce qu’elles peuvent ou veulent faire — ou non. Je m’adapte toujours pour m’assurer que l’interprète ne fasse que ce qu’il ou elle désire et peut faire, en toute sécurité. Je fais tout pour qu’ils se sentent libres de me le dire en confiance. Cela sera grandement facilité lorsque je pourrai m’entourer d’une équipe, comprenant notamment un·e coordinateur·rice d’intimité. Je préfère représenter des rapports protégés, mais s’il s’agit d’un véritable couple ou de professionnels qui m’indiquent préférer le faire sans protection (et que les résultats des tests IST prouvent que c’est sans risque), je respecte leur choix, en incluant une mention explicite dans mes films. Je vérifie régulièrement tout au long du tournage qu’ils se sentent bien. Ensuite, j’essaie de devenir aussi invisible que possible, afin de leur laisser l’espace nécessaire pour tenter d’oublier ma présence — dans l’espoir de capter des moments aussi authentiques que possible. Cela varie selon le lieu du tournage et de nombreux autres facteurs. Il n’y a jamais d’obligation à avoir un orgasme ni à feindre le plaisir. Je les invite à communiquer à voix haute, car c’est une manière saine d’avoir des relations sexuelles en général et de s’assurer que chacun se comprenne bien. Je ne veux que personne ressente le besoin d’utiliser quoi que ce soit pour les aider à performer. S’ils n’y parviennent pas, ce n’est pas grave. Soit j’adapte le scénario, soit nous arrêtons simplement. Et il y a toujours une phase de “post-soin” : je prends des nouvelles après le tournage pour vérifier qu’ils vont bien. S’il y a eu des problèmes non évoqués le jour même, je fais tout mon possible pour y remédier. J’en tiens également compte lors du montage du film.

Lors du montage des vidéos ou des films, je reste attentive à ce que les acteurs/ices m’ont dit, notamment s’il y a des éléments qui les inquiétaient. Une fois le montage terminé, je leur montre le résultat en premier, afin d’obtenir leur accord. À l’exception des soirées de projection en avant-première, pour lesquelles j’ai eu l’accord des interprètes afin qu’ils découvrent leur film pendant la projection. Jusqu’à présent, j’ai uniquement travaillé dans le cadre de collaborations (avec un accord de partage de contenu). L’utilisation des vidéos ou des films est décidée dès le départ. Je ne dispose pas encore de budgets de production et je ne tire pas encore de revenus de mon travail en tant que Clitopatra. En tout cas, pour moi il est logique de vérifier que les acteur/ices soient en accord avec le résultat, puisqu’il s’agit de leur image. Je trouverai donc toujours un moyen de le valider avec eux et de m’adapter si nécessaire. Quand je pourrai enfin produire, mon business plan prévoit que tout le monde soit bien rémunéré (équitable), et ma manière de travailler devra alors évoluer. Je ferai toujours les efforts supplémentaires (même s’ils exigent beaucoup de travail) pour atteindre le niveau d’éthique dont je rêve pour cette industrie.

Comment je prends en compte le spectateur : - Je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger les mineurs de la visualisation de contenus explicites. Cela signifie également ne pas publier de contenu explicite à des fins de marketing sur les réseaux sociaux publiques. Je veille à ce que tous mes outils de communication soient réservés exclusivement aux adultes, et je ne recours jamais à un marketing aguicheur susceptible d’attirer un jeune public. Aucune diffusion de pornographie gratuite. Aucune présence sur les plateformes de vidéos pornographiques gratuites. - Mes projets visent à représenter des relations humaines saines, l’authenticité, la communication et un consentement réfléchi. Une sexualité plus proche de la réalité, où je ne coupe pas les moments qui peuvent sembler étranges, mais qui font partie de l’expérience humaine pour tous. - À long terme (car chaque projet demande du temps), j’aimerais représenter toutes les formes de sexualité : toutes les orientations, pratiques (du plus doux ou « vanilla » au BDSM), ethnies, morphologies et âges, ainsi que toutes sortes de fétichismes. Toujours avec la vision artistique qui m’anime : montrer que toute personne mérite une vie érotique belle et épanouissante.